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L'ubérisation des territoires,

ou comment mettre en doute l'économie territoriale

 

Peut-on expliquer les mécanismes d’ubérisation touristiques dans les villes moyennes ?
Pour répondre à cette problématique, nous avons envisagé trois hypothèses qui expliqueraient la forte ubérisation de certains territoires, à savoir : le nombre d’habitants, le développement touristique et la part des résidences secondaires.
Chaque étudiant a analysé un territoire, relevé les calculs de base de l’INSEE (nombre d’habitants, de ménages, de résidences secondaires…), sélectionné des sites collaboratifs (Airbnb, abritel, camp in my garden, goodspot, vizitme…) afin d’établir le profil de 18 villes moyennes. Pour chaque hypothèse, des histogrammes illustrent les données obtenues. Compte tenu du nombre important de territoires étudiés, nous avons choisi de les séparer en deux catégories : hors stations balnéaires / stations balnéaires (lieux situés en bord de mer).

 

 

 

Le nombre d’offres ubérisées varie en fonction du nombre d'habitants ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les villes ou territoires recensés qui ne sont pas des stations balnéaires, l’hypothèse « plus le nombre d’habitants est élevé, plus l’offre touristique ubérisée est importante » est fausse. En effet, les deux tableaux montrent que les deux petites villes situées dans les vallées ont un pourcentage d’offres ubérisées plus élevé que les grandes villes. Ainsi, le plus petit village, Accous, en Vallée d’Aspe a un pourcentage de 1,4% alors que la ville la plus importante, Pau, n’a un pourcentage que de 0,07%. L’hypothèse ne se vérifie pas. Ce n’est pas du nombre d’habitants que varie le nombre d’offres ubérisées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les villes et les territoires dits de station balnéaire ont une offre touristique ubérisée plus importante. Toutefois, comme précédemment, l’offre touristique ubérisée ne dépend pas du nombre d’habitants : Capbreton, pour une population de 8238 habitants a un pourcentage de 0,32% alors que le BAB, le territoire le plus peuplé avec 110408 habitants a un pourcentage plus faible de 0,25%. On peut dire que les stations balnéaires attirent un plus grand nombre d’offres ubérisées mais ce n’est pas le nombre d’habitants qui est le facteur clé du nombre d’offres ubérisées.

 

 

L’ubérisation dépend du niveau de développement touristique de la ville 

 

On peut mesurer le développement touristique d’une ville grâce à certains facteurs clés comme les infrastructures (hébergements, transports, installations sportives, patrimoine culturel…). Pour confirmer ou infirmer l’hypothèse précédente, nous allons étudier les données de l’hébergement traditionnel et collaboratif.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En ce qui concerne les territoires hors stations balnéaires, si on prend comme exemple, Accous, Dax, Annecy et Pau, on constate un pourcentage d’ubérisation de 60%, 0,88%, 11,7%, et 5,12% respectivement sur les offres du nombre de chambres. Comment expliquer cela alors que le village d’Accous a un pourcentage de 60% d’ubérisation tandis que celui de Dax n’est que de 0,88% ? Le niveau de développement touristique d’Accous est-il plus important que celui de Dax ? L’hypothèse est peu vraisemblable dans la mesure où Dax est une ville thermale réputée. On peut avancer comme explication l’âge des touristes, supérieur à d’autres destinations touristiques : ces visiteurs auraient une méconnaissance des nouvelles offres numériques. Toutefois, les écarts d’une génération à l’autre se réduisant de plus en plus en ce qui concerne le recours à l’Internet, on peut supposer que la tendance s’inversera bientôt.

On remarque également que Pau dispose d’un nombre conséquent de chambres et pourtant l’offre ubérisée est faible, 5,12%, ce qui tend à confirmer l’attraction peu importante de ce territoire.

Les résultats des stations balnéaires sont plus difficiles à interpréter. Si on prend les pourcentages d’offres ubérisées de Capbreton, Lacanau, Ajaccio et le BAB, on obtient 10,1%, 39,3%, 1,9% et 4,6% respectivement. Comment expliquer une telle différence entre les deux premiers territoires (10,1% ; 39,3%) et les deux derniers (1,9% ; 4,6%) ? On ne peut pas affirmer que les deux dernières destinations sont moins touristiques que les deux premières, d’autant plus que le BAB et Ajaccio disposent d’un nombre de chambres très élevé. Ces deux territoires ont-ils su mieux préserver leurs offres face à l’ubérisation ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nombre d’offres ubérisées sur les campings est confidentiel, voire inexistant alors que de nombreux territoires du tableau possède un nombre élevé de campings.

 

L’hypothèse « l’ubérisation dépend du niveau de développement touristique de la ville » est fausse dans le cas des territoires étudiés ici. Il n’est pas juste de déclarer que plus la ville sera touristique plus l’ubérisation sera importante même si celle-ci sera présente. De nombreux autres facteurs expliquent l’ubérisation.

 

La part des résidences secondaires et le poids de l’ubérisation sont intimement liés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La part des résidences secondaires est importante dans les territoires de stations balnéaires. Les trois premières places sont occupées par le BAB (14843), Lacanau (11080) et Saint-Jean-de-Luz/Hendaye (10605). Paradoxalement, le pourcentage des offres Airbnb est le plus faible avec respectivement 1,08%, 0,65% et 1,76%. Les pourcentages les plus élevés sont obtenus par Auch (10,27%), Annecy (8,64%) et Grand Saint Emilionais (8,49%) qui possèdent peu de résidences secondaires.

Sur les territoires étudiés, l’hypothèse « La part des résidences secondaires et le poids de l’ubérisation sont intimement liés », n’est pas vérifiée.

 

 

 

Sur les territoires étudiés, le principal secteur affecté par l’ubérisation est l’hébergement.

Les villes moyennes très touristiques doivent de plus en plus faire face aux offres ubérisées. Toutefois, selon les résultats

obtenus pour les territoires étudiés, les trois hypothèses envisagées sur le lien étroit entre ubérisation et nombre d’habitants, ubérisation et développement touristique de la ville, ubérisation et par des résidences secondaires n’ont pas vraiment été démontrées. Ce sont des facteurs d’ubérisation mais ce ne sont pas des facteurs déterminants.

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