Le développement de l’économie collaborative affecte de nombreux secteurs traditionnels, notamment celui du tourisme. Afin d’affronter cette ubérisation progressive, les territoires doivent réagir et l’expérience de l’hôtellerie-restauration, domaine le plus affecté, doit servir d’exemple. Aujourd’hui, quand le client recherche le site d’un hôtel sur Internet, il le trouve en quatrième ou cinquième position derrière Booking, Expedia, Tripadvisor… De plus, de nouveaux opérateurs comme Airbnb prennent d’immenses parts de marché en sous-louant les biens. D’une économie occasionnelle collaborative, on est passé à une économie parallèle structurée et l’hôtellerie-restauration se trouve confrontée à un nouveau modèle qu’elle ne parvient pas à contrer.
Dès lors, comment les territoires peuvent-ils tirer profit de l’ubérisation du tourisme ? Comment les pouvoirs publics peuvent-ils exploiter et réguler ? Comment développer le tourisme d’un territoire alors qu’il doit faire face à l’émergence de nouveaux entrants dans l’économie collaborative ?
S’allier
L’émergence rapide d’une économie de partage est-elle une menace ou une opportunité dans le tourisme notamment. Porté par la démocratisation du haut débit, des smartphones et de la géolocalisation, l’ubérisation met en relation des travailleurs indépendants avec leurs clients sans passer par les intermédiaires. Il y a des monopoles comme Blabacar, Amazon, Airbnb et il est difficile d’exister à côté de ces grands groupes. Une solution passe par l’alliance pour être plus compétitif. La mise en place par exemple de centrale de réservations communes entre professionnels ou par stations touristiques permettrait de présenter une offre globale de logements. Une plateforme collaborative du territoire sur certains secteurs ayant les mêmes intérêts aurait un impact plus grand et pourrait concurrencer les nouvelles ubérisations. En combinant les forces, en remettant le client au centre des préoccupations, une plateforme collaborative du territoire serait plus puissante et regrouperait les atouts touristiques. Le regroupement au sein d’une même structure de coordination doit permettre de promouvoir le produit avec plus d’efficacité. La mutualisation est nécessaire pour saisir les opportunités qui se présentent comme de nouveaux marchés. Le seul Office de Tourisme ne suffit plus pour combler les besoins en informations des visiteurs. En juin 2014, à l’issue des Assises du Tourisme, 20 contrats de destination ont été annoncés pour fédérer les acteurs autour d’une même marque de territoire pour proposer une offre plus structurée. Par exemple le contrat « Pyrénées » destiné à dynamiser les 4 saisons, avec la « neige » bien sûr, mais également « les loisirs en pleine nature », le tourisme « thermal » et la « gastronomie ». C’est une démarche de marketing territorial qui permet de mieux toucher sa cible. On peut citer également la démarche de l’Association Terre et Côte Basque : plusieurs Offices de Tourisme (représentant 12 communes du Pays de Saint Jean de Luz/Hendaye auxquelles s’associent les communes de Bayonne, Anglet, Biarritz et Bidart) se sont regroupées sous cette marque de destination et ont lancé une application pour mobiles « macotebasque.com ».
Développer des offres et des produits à destination des particuliers
Valoriser les services, car si un particulier qui loue son logement n’a aucune des contraintes des hôteliers, ceux-ci peuvent offrir de vraies garanties. Les touristes sont à la recherche de produits authentiques et de lieux incontournables. Les acteurs locaux connaissent mieux que les plateformes les ressources touristiques des territoires et il est possible de géolocaliser des centres d’intérêt. Les offres collaboratives permettraient d’optimiser les ventes, d’innover pour les locations, d’assurer la relation client et surtout d’établir une stratégie commune en réponse aux intérêts des visiteurs. Il est donc important pour les villes et territoires de développer des offres et des produits adéquats pour développer le tourisme local. La vague collaborative profite aussi du boom des réseaux sociaux. Pendant et après le voyage, photos, bons plans et bonnes adresses s’échangent et l’impact des avis et recommandations ne cesse de prendre de l’ampleur à tel point que de nombreux internautes renoncent à un achat suite à un avis négatif. Les nouvelles technologies permettent de mesurer les attentes des clients, leurs types d’activités envisagés et ce qu’ils aiment, partagent, expérimentent. Car les objectifs à atteindre sont la conquête et la fidélisation. Ainsi, le territoire a tout intérêt à s’adapter aux demandes spécifiques des clients.
Augmenter l’efficacité des investissements numériques publics
Les données des sites publics ont été offertes à la réutilisation du public « partagez, améliorez et réutilisez les données publiques ». En juillet 2015, l’ensemble des données sur les sociétés françaises a été ouvert à tous. Ce mouvement se poursuivra avec l’ouverture du RNCS (Registre National du Commerce et des Sociétés) et de la base SIREN (Système Informatique du Répertoire des Entreprises) de l’INSEE en 2017. Face à la cyberpuissance des Etats-Unis, l’Europe doit trouver des solutions pour protéger les programmes, la recherche et les emplois. Les pouvoirs publics devraient développer des contrôles auprès des offres particulières. Il faut établir une stratégie en politique fiscale et réglementaire car la liste des secteurs déstructurés par Internet ne cesse de s’allonger. De plus, cette économie de marché directe, sans intermédiaires, provient essentiellement de grands groupes américains et aussi bien l’Europe que la France doivent se protéger. Il s’agit de récupérer les programmes, la recherche, les emplois. L’Etat doit imposer une politique fiscale et réglementaire face à l’ubérisation croissante. Quand on sait que dans l’économie des plateformes la réussite vient de la vitesse, on comprend qu’il y a urgence à établir des règles. En juin 2015, le Ministre L. Fabius a annoncé des mesures pour développer une stratégie pour le tourisme à l’horizon 2020. Atout France a été chargé de faire des technologies numériques un facteur clé pour rendre les ivestissements numériques publics plus efficaces, wifi, géolocalisation… De plus en plus de consommateurs se connectant à Internet via un terminal numérique mobile, il est important de développer les applications mobiles.
Remettre en cause la légalité de l’ubérisation
L’économie alternative grâce à ses nouvelles plateformes profite du vide juridique. La technologie permet de répondre au besoin immédiat des consommateurs qui est de payer peu. Elle optimise le fonctionnement des services du point de vue des utilisateurs (plus vite, mieux, moins cher) et fait participer les consommateurs tout en faisant tomber les intermédiaires. Et peu importe le non respect des règles et des lois : le rythme de développement des entreprises alternatives est beaucoup plus rapide que le rythme des réformes et des lois. La mutation économique doit conduire à une mutation du droit social mais pas au détriment du principe social en préservant le cadre de l’emploi. L’ubérisation met en relation des travailleurs indépendants avec leurs clients sans passer par les intermédiaires et le risque est la précarisation du marché du travail. Que sont les nouvelles plateformes ? Des sociétés sans biens, comme Blabacar, société de transports sans voitures ou Airbnb, société hôtelière sans hôtels. L’important n’est pas de vouloir stopper l’ubérisation mais de l’inscrire dans un cadre juridique avec des règles politiques, économiques et sociales.
Exemple : « L’économie collaborative au service de votre quotiden », article Journal Sud-Ouest 31 mars 2015
L’économie collaborative1re Région à lancer un appel à projets en faveur de l'économie collaborative par l'innovation numérique, l’Aquitaine mise gros en posant un demi-million d’euros sur la table.
Co-voiturage avec BlaBlaCar, location d’appartement entre particuliers avec AirBnb, échange de services et d’objets avec Scoovie, l’économie collaborative s’invite dans notre quotidien avec un crédo : utiliser plutôt que posséder. En s’appuyant sur la mutualisation des biens et des espaces et la coordination des citoyens en réseau, l’économie collaborative crée de nouvelles formes d’organisation du travail et investit tous les champs : tourisme, culture, éducation, agriculture, santé, énergie, travail, transport, etc. Compétitive, durable et solidaire, elle offre de nombreuses opportunités en assurant le développement et la pérennité des activités. Convaincus par ces nouveaux modèles collaboratifs, startups du numérique et acteurs traditionnels multiplient les initiatives dans leurs stratégies d’entreprise : management collaboratif, co-innovation, financement participatif, etc.
Parce qu’elle est chef de file dans le domaine du développement numérique, la Région Aquitaine est particulièrement attentive au potentiel de croissance que représente la filière numérique. En lançant un appel à projets « Le numérique au service de l’économie collaborative », la Région souhaite développer des projets numériques innovants relevant de l’économie collaborative, à vocation sociale, environnementale ou citoyenne. Ces projets seront conçus à destination des acteurs économiques aquitains mais aussi des collectivités locales qui souhaitent expérimenter de nouveaux modèles socio-économiques qui soient à la fois sources de développement et porteurs de valeurs citoyennes, sociales et environnementales. A la croisée de l’innovation sociale et de la culture numérique, l’économie collaborative est à la fois un secteur dynamique, un modèle de transition et un choix de société. Certaines de ses pratiques permettront au territoire d’optimiser ses capacités dormantes - espaces sous-occupés, personnes inactives, objets sous-utilisés -, et de mutualiser les biens échanges et partage de biens. Elle favorisera la création d’emplois qualifiés, la revitalisation de l’économie locale et la réduction de l’empreinte écologique des ménages et des entreprises. Avec l’économie collaborative, bientôt vous travaillerez à deux pas de chez http://numerique.aquitaine.fr/-Appel-a-Manifestation-d-Interet vous partirez en vacances avec un camping-car en location, vous bricolerez avec les outils de votre voisin et vous monterez votre propre boîte grâce à un financement participatif !
Afin de soutenir les emplois et l’investissement sur les territoires, afin de faire face à l’ubérisation, il semble donc opportun d’encourager le tourisme collaboratif, une union des producteurs de services. Cela est nécessaire au niveau des acteurs traditionnels des territoires mais également au niveau des pouvoirs publics.